Enseigner l’esprit critique

LECTURE

Gauvrit N., Pasquinelli E. (Octobre 2019). Enseigner l’esprit critique. Pour la science, n° 505.

Selon votre bord politique, peut-être avez-vous pensé que tels ou tels votants ont manqué de discernement lors de la dernière élection présidentielle en France, en 2017. Qu’ils n’ont pas su distinguer les hypothèses des faits, les suppositions des conséquences logiques. Qu’ils sont tombés dans les pièges rhétoriques les plus grossiers, incapables d’analyser les arguments égrenés au fil des discours de candidats déloyaux. Ou bien encore qu’ils ont voté avec leurs tripes plutôt qu’avec leur cerveau. En quelques mots : qu’ils ont manqué d’esprit critique. C’est pourtant bien sur cet esprit critique, supposé acquis chez les citoyens responsables, que repose la légitimité de l’élection.

En politique, l’égarement des uns est la perspicacité des autres, car nous sommes au royaume de l’opinion. Dans d’autres domaines plus scientifiques ou plus tangibles, en revanche, un manque d’esprit critique conduit parfois à des décisions dont on peut démontrer qu’elles sont absurdes, dangereuses pour soi et son entourage, voire pour l’humanité.


Pour aller plus loin…

Comment enseigner l’esprit critique ?

LECTURE

Gauvrit N., Pasquinelli E. (Septembre 2017). Comment enseigner l’esprit critique ? Cerveau et Psycho, n°91.

On peut s’amuser des contorsions logiques de ceux qui, comme la légende du basket-ball Shaquille O’Neal, pensent que la Terre est plate. Il est moins réjouissant que des maladies invalidantes, parfois mortelles, réapparaissent – la rougeole en Europe ou la coqueluche en Angleterre –, parce qu’une partie de la population refuse la vaccination qu’elle considère comme dangereuse. Des célébrités prennent position contre les applications de la science, par exemple l’actrice Jenny McCarthy, convaincue que l’autisme de son fils Evan est la conséquence d’un vaccin. Le même rejet de la science touche le changement climatique, nié jusque dans l’entourage de Donald Trump quand ce n’est pas par le président étasunien lui-même… Avec pour conséquence probable la poursuite d’une politique environnementale catastrophique.

Sur quel terreau psychologique prospèrent ces idées inquiétantes ? Un manque de modestie, une capacité limitée à séparer les bons arguments des mauvais, une propension à ne chercher que des confirmations de nos croyances et à ne pas nous confronter aux autres, ou encore une attirance pour les milieux sociaux qui nous ressemblent et confortent nos erreurs en les répétant dans d’inlassables caisses de résonance. Tous ces traits et bien d’autres sont naturels, connus et documentés. Tous font partie de notre psychologie ordinaire.Lien


Pour aller plus loin…