5 – Utiliser le débat en classe pour développer l’esprit critique

  • L’enseignement de l’esprit critique peut s’appuyer sur les échanges sociaux car ils favorisent l’apprentissage de l’évaluation de l’information.
  • Réfléchissez en amont à la manière dont vous organiserez la discussion sous peine de véhiculer de mauvaises représentations sur l’argumentation.

Face aux limites de notre esprit critique individuel, il semble utile de jouer la carte sociale. Plusieurs études montrent les avantages de favoriser des situations argumentatives dans des tâches comme la recherche de la meilleure décision, la résolution de problème, la correction d’erreur de raisonnement. Les discussions argumentées organisées en classe selon des méthodes structurantes sont des outils pédagogiques à tester plus largement pour favoriser l’esprit critique, une fois que nous avons tout le reste en tête. 

Par ailleurs, organiser un débat est l’occasion de véhiculer des messages clé sur l’argumentation. L’enseignant devrait s’abstenir de donner des considérations générales aux élèves (parfois contradictoires) : « Essayez de rester ouverts et d’accepter ce que les autres vous disent » ou « Méfiez-vous des informations qu’on vous donne et soyez critique ». Ce type de considérations aide peu l’élève qui ne sait pas comment les utiliser. Il peut avoir en tête qu’il faut « faire attention » ou qu’il doit « rester ouvert » sans savoir comment le mettre concrètement en œuvre. De plus, ces considérations peuvent induire des positions allant à l’encontre d’un bon esprit critique. Si nous demeurons ouverts à toutes les positions, nous pouvons rester dans le doute et ne jamais parvenir à nous décider. Nous pouvons surtout considérer comme vraies des informations qui ont été démontrées comme fausses. À l’opposé, si nous nous fermons aux autres par excès de vigilance, nous pouvons nous empêcher de profiter de leurs connaissances et nous renfermer sur nos positions. Faire preuve d’esprit critique ne correspond pas à considérer que l’ensemble des points de vue sur un sujet se valent (comme étant tous de bonne qualité, ou à l’inverse méritant tous notre suspicion). 

De plus, nous associons souvent, lors de débats, des positions relevant de la préférence et des considérations basées sur des faits appuyés par des preuves. Accepter ou non que la société a recours à une technologie donnée sous l’angle de considérations éthiques relève de préférences, de positions personnelles. Celles-ci se valent a priori et se discutent. L’innocuité des vaccins relève, en revanche, du fait scientifique et ne se discute pas sous l’angle des préférences personnelles, mais des preuves qui sous-tendent l’affirmation. 

Placer les élèves en position de débat nécessite de leur donner des connaissances et des règles. Il ne s’agit pas de les amener à échanger librement et de manière ouverte sur tous les sujets. Au contraire, un cadre d’échange doit être créé et cela nécessite de leur enseigner la distinction entre les préférences, les opinions, les connaissances, les faits et les différents niveaux de preuves. Nous éviterons ainsi que des idées fausses (« tous les points de vue se valent ») soient véhiculées.